Faire tomber les barrières : Comment la TCCi et ses meilleures pratiques peuvent mettre la psychothérapie à la portée de tous

Par : Peter Farvolden


La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) s’est imposée comme forme de psychothérapie structurée efficace dans le traitement d’une large gamme de problèmes de santé mentale, dont la dépression, l’anxiété, le trouble de stress post-traumatique (TSPT), le trouble obsessionnel compulsif (TOC), la toxicomanie et l’insomnie. Elle est reconnue par les professionnels de la santé comme la référence en psychothérapie, capable d’amener des résultats comparables à ceux d’autres traitements de première ligne, y compris les interventions pharmaceutiques.

En dépit de sa grande efficacité, la TCC est très peu accessible en raison de barrières comme le manque de professionnels qualifiés – surtout dans certaines régions –, la durée et le coût du traitement, et la stigmatisation qui y est associée. Au Canada comme ailleurs, des lacunes évidentes au niveau des soins font qu’il n’existe pas de solution éprouvée en santé mentale; pour abattre les barrières qui limitent l’accès à ces soins, la solution doit passer par l’innovation.

L’offre de TCC sur Internet, ou TCCi, est un exemple d’approche innovante. Le service est livré sur l’appareil mobile, la tablette ou l’ordinateur personnel du client. Cette forme nouvelle de thérapie a gagné en popularité dans certains pays : en Australie, par exemple, 20 000 patients adultes bénéficient chaque année du service de TCCi que dispense gratuitement la réputée clinique MindSpot 1.

La TCC offerte en ligne est aussi cliniquement rigoureuse et efficace que lorsque le traitement est prodigué en personne; l’approche repose essentiellement sur l’acquisition de compétences, et sur des pratiques exemplaires axées sur quatre notions clés.

    1. Une évaluation rigoureuse, centrée sur la situation du patient
    Le thérapeute établit un plan de traitement personnalisé en fonction des résultats de l’évaluation. Comme le thérapeute ne rencontrera pas le patient et ne communiquera pas avec lui verbalement, l’évaluation doit être suffisamment approfondie pour qu’il puisse en tirer l’information nécessaire à l’établissement du plan de traitement.

    2. Adaptabilité
    La TCCi doit être adaptable pour que le plan de traitement couvre, de façon holistique, l’ensemble des problèmes du patient. Chez BEACON, par exemple, un thérapeute peut appliquer du contenu thérapeutique issu du protocole pour la dépression, et y intégrer d’autres éléments, comme l’hygiène du sommeil.

    3. Un thérapeute dédié et engagé
    Pour que le patient reçoive le soutien dont il a besoin, le thérapeute doit être présent et engagé tout au long du processus. Les thérapeutes qui pratiquent la TCCi doivent être formés et évalués régulièrement pour assurer qu’une alliance se créé dans le cadre de l’interaction en ligne.

    4. Mesurabilité
    Un suivi est fait pour déterminer, entre autres, si les symptômes s’atténuent, si l’état mental du patient s’améliore et si celui-ci est satisfait. Sans pouvoir mesurer les résultats, il serait extrêmement difficile de savoir quel impact a eu le programme de TCCi suivi.

Faciliter l’accès à la TCCi peut amener des résultats positifs à long terme. Pourtant, sur les 20 p. 100 de Canadiens qui, à l’heure actuelle, ont un problème de santé mentale, les deux tiers ne vont pas chercher d’aide2.

Ce chiffre dénote un manque d’accessibilité des ressources en santé mentale, qui fait que jusqu’à 7,5 millions de Canadiens sont laissés à eux-mêmes.

Les Canadiens ne trouvent pas l’aide dont ils ont besoin pour diverses raisons : les soins en personne sont dispendieux, et, pour la population en général, ils ne sont pas couverts par les régimes publics; il y a un manque important, pour ne pas dire complet, de professionnels en santé mentale qualifiés dans de nombreuses régions; ailleurs, les services sont tout simplement trop éloignés pour qu’on y ait recours; les contraintes de temps et la stigmatisation font elles aussi obstacle à l’accès.

Au chapitre de l’accessibilité des soins en santé mentale, le Canada est en retard. Nous devons nous tourner vers des solutions novatrices pour fournir les soins dans ce domaine, comme la TCCi qui repose sur des pratiques exemplaires rigoureuses, est abordable, et permet au bout du compte d’améliorer la qualité de vie des Canadiens.


Peter Farvolden, PhD, CPsych (drfarvolden@cbtassociates.net) est directeur clinique au groupe d’entreprises MindBeacon. Il dirige l’élaboration et l’exécution de la plateforme de thérapie cognitivo-comportementale de BEACON, qui vise à permettre à un plus grand nombre de Canadiens d’accéder à des soins efficaces en santé mentale. Le Dr Farvolden a occupé divers postes de chercheur, clinicien et administrateur, notamment au Hamilton Health Sciences Centre, au University Health Network (UHN) et au Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH). Il est également directeur clinique de CBT Associates, un réseau de soins de psychologie clinique.

Sources :

Annual Review of Clinical Psychology, Vol. 14:159-183. (2018) Realising the Mass Public Benefit of Evidence-Based Psychological Therapies: The IAPT

1 MindSpot

2 https://ccla.org/current-state-mental-health-canada/

National Health Service (NHS) (2019) Adult Improving Access to Psychological Therapies programme, NHS e-Newsletter

Association canadienne des libertés civiles : The Current State of Mental Health in Canada